1001 enseignements à distance… (épisode 1)

On entend souvent dire qu’il y a autant de façons d’enseigner que d’enseignements. Cette maxime se vérifie encore en période d’enseignement à distance où nous voyons émerger les stratégies des uns et des autres! Dans une série d’articles, nous VOUS donnerons la parole pour décrire votre méthode et nous faire un retour de votre expérience.

 

Commençons avec John, enseignant de sciences physiques et mathématiques en école de commerce:

 

Pouvez-vous décrire en quelques lignes votre “stratégie” pour assurer la continuité pédagogique?
Mon objectif était de reproduire aussi fidèlement que possible mon enseignement en classe à la maison.  J’ai l’impression que le cours par visioconférence aux plages horaires réservées avec des devoirs d’une leçon à l’autre est une bonne chose, dans la mesure où il offre un cadre strict s’approchant de celui que nous connaissons habituellement et évite que les élèves croulent sous les devoirs et soient perdus par la multiplicité des supports.

 

Quels outils technologiques avez-vous utilisé?
J’utilise classroom pour déposer les documents et gérer les devoirs des élèves.
J’utilise meet pour faire le cours en direct. Je me connecte avec deux appareils: le premier diffuse une copie de mon tableau blanc interactif sur lequel j’écris au stylet. Le second me permet de savoir qui est connecté, de lire les messages sur le chat, de repérer qui prend la parole et de voir ce qu’ils voient.
Nous procédons caméras éteintes, afin de préserver l’intimité de chacun, ainsi que micros coupés par défaut (et non par des faux !) et ouverts lors d’une prise de parole. Je suis évidemment le seul dont le micro est en permanence enclenché.

 

Pouvez-vous décrire votre expérience?
Les cours sont très calmes (parfois trop ! on espère ne pas être seul). Cela me permet en tout cas de parler avec une voix posée, claire, de bien choisir mes mots, de ne pas être en permanence interrompu. La qualité de mon discours s’en trouve nettement améliorée (sans toutefois savoir si l’information est mieux ou moins bien reçue qu’en classe). Grace à mes deux écrans, j’arrive à avoir un retour des élèves. Sans ce retour, j’irai beaucoup trop vite.
Dans la plupart de mes classes, presque tous les élèves sont systématiquement présents. Je n’ai significativement pas plus d’absences qu’auparavant. Dans une classe, j’ai toutefois plus de problèmes d’absences et retards.
J’interroge nominativement les élèves durant la leçon pour m’assurer qu’ils sont attentifs (voire même, simplement, présents et pas seulement connectés!).

 

Avez-vous eu des retours d’élèves?
Certains élèves n’ont apparemment pas un matériel permettant une bonne réception. L’apprentissage par ce biais est sans doute pour eux totalement impossible. Néanmoins, pour la plupart des élèves, la transmission audio est claire et fluide dans les deux sens.
Certains élèves sont très très angoissés par la situation. J’ai le cas de deux très bonnes élèves, très studieuses, très scolaires, qui se retrouvent dans l’incapacité pure de fournir un travail convenable, à leur sens, disant voir la situation totalement leur échapper et craindre pour la suite.
Il me semble que leur situation est révélatrice de plusieurs difficultés que rencontrent les élèves :
• promiscuité ou isolement, peur de l’inconnu, de la maladie, de perdre un proche,… évidemment toutes les questions liées au virus et au besoin de s’adapter rapidement à un mode de vie nouveau
• manque d’autonomie, ou plutôt nécessité de la présence des enseignants
• possibilités matérielles ou environnementales de travail réduites (les deux élèves citées ont des difficultés d’ordre familial)
• la surexposition aux écrans
• la multiplicité des supports et des méthodes

 

Vous considérez-vous comme “technophile”?
Je n’ai en général pas de difficultés à prendre en main de nouvelles technologies.

 

Cette expérience d’enseignement à distance modifiera-t-elle votre manière d’enseigner en présence?
Je ne crois pas que ce moyen de transmission pourrait se substituer aux cours traditionnels : en tant qu’enseignant/e, on pourrait évidemment se réjouir du calme apparent qui découle des réunions à distance, mais à mon avis, il cache des tempêtes… je pense que nous avons besoin d’interactions sociales réelles, de tableau noir, d’une forme de simplicité, de sortir, d’observer la nature, de nous confronter, sans compter qu’il ne me paraît pas envisageable de tester convenablement les acquis uniquement à distance. Il me semble indispensable, pour une école, de proposer des cours et un accompagnement réels des élèves (je crois de moins en moins à l’autonomie, particulièrement lorsque les élèves sont peu scolaires – elle est de fait impossible pour beaucoup d’élèves qui sont dans l’incapacité physique ou mentale de travailler chez eux). Il est à mon sens indispensable pour une école d’être un lieu d’échanges physiques et d’offrir cette garantie.
Néanmoins, cette expérience m’a permis de me familiariser avec la suite d’outils Google. Je pense dorénavant demander que les devoirs me soient adressés dans Classroom, pour m’épargner une vérification en début ou en cours de leçon et peut-être surtout pouvoir conserver une trace et me faire une meilleure idée du travail effectué en dehors des heures de cours. Je n’exclue pas non plus de parfois reporter sur Meet les quelques appuis donnés de temps à autre.

 

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