Première partie
Seconde partie
Extrait d’un article du Monde
Par Alain Constant Publié le 22 mai 2010:
Plus de quatre mille films mettant en scène des Indiens d’Amérique ont été tournés à Hollywood. Le réalisateur Neil Diamond, lui-même Indien Cree, a voulu retracer l’histoire complexe de la représentation des Amérindiens à l’écran. Au volant d’une vieille voiture, il a parcouru 6 000 kilomètres et interrogé des dizaines de témoins. A l’arrivée, cela donne un beau documentaire, riche en témoignages (acteurs, réalisateurs, historiens, critiques) et en extraits souvent hilarants de vieux westerns ou même de films muets. Car, dès le XIXe siècle, Thomas Edison filme avec une caméra fixe des Indiens peinturlurés, armés et dansant comme des illuminés.L’image de l’Indien dans le cinéma américain a connu plusieurs étapes : bon sauvage, noble et libre, puis cruel et sanguinaire, avant de retrouver sa dignité et sa sensibilité. Dans les années 1930, l’Indien est encore un personnage populaire dans la culture américaine.Mais l’image de l’Indien va changer du tout au tout. Dans La Chevauchée fantastique (1939), de John Ford, les Indiens, joués par des Blancs maquillés, sont arriérés et sanguinaires. John Wayne, figure mythique, les extermine méthodiquement, ce qui est aussi le cas dans certains dessins animés.Il faudra attendre de longues années avant qu’un film comme Little Big Man (1970) , d’Arthur Penn, donne une nouvelle image de l’Indien à l’écran. Plus récemment, Danse avec les loups (1990), de Kevin Costner, Atanarjuat, de Zacharias Kunuk (Camérad’or à Cannes en 2001) ou Mémoire de nos pères (2006) , de Clint Eastwood, ont mis en scène des personnages d’Indiens plus complexes et intéressants.En faisant parler des personnalités (Jim Jarmusch, Clint Eastwood), mais aussi de nombreux acteurs amérindiens comme Wes Studi ou Graham Greene, Neil Diamond apporte un éclairage passionnant à cette problématique. Richard Lamotte, célèbre costumier d’Hollywood, évoque quelques anecdotes hilarantes concernant la manière dont les acteurs censés jouer des Indiens devaient s’habiller.Des réserves misérables aux studios de Hollywood, des parcs d’attractions aux camps d’été pour jeunes qui singent les Indiens, c’est une certaine image de l’Amérique qu’il renvoie. Des archives d’actualité rappellent des drames, comme celui de Wounded Knee, lieu d’un massacre historique, mais aussi endroit où, en 1973, des Indiens armés de fusils luttèrent contre les blindés et mitrailleuses de l’US Army. (…)