Avant de me rendre en Irlande, connaissant très peu de choses sur ce pays, je me suis documentée sur un certain nombre de points qui me semblaient utiles, tels que le contexte historique et géographique, les habitudes culturelles.

J’ai par ailleurs échangé avec plusieurs personnes qui ont passé une année à l’étranger, certaines d’ailleurs en Irlande. Elles m’ont décrit leurs expériences personnelles et les quelques difficultés rencontrées.

Je voyais dans cette année à l’étranger une belle opportunité pour appréhender une nouvelle culture, gagner en expérience et maturité, améliorer mes compétences linguistiques mais aussi consacrer du temps à des projets extra scolaires difficiles à réaliser au court des précédentes années, en raison du manque de temps.

Mes attentes quant à ce voyage étaient hautes et mon enthousiasme grand.

Les premières semaines en Irlande se sont révélées compliquées. Les conditions d’accueil dans ma famille étaient très différentes de ce que j’avais imaginé. Je pensais rencontrer des personnes qui m’aideraient à m’intégrer, à comprendre et me sentir à l’aise avec un mode fonctionnement nouveau, différent.

Au lieu de cela, je me suis vite senti isolée et peu écoutée. Je me suis alors questionnée sur les différences culturelles entre mes pays d’origine, la Suisse et la France, et l’Irlande. J’avais du mal à saisir ce qui relevait d’un comportement normal et approprié ou d’un manque d’égards voire de bienveillance. J’avais le sentiment pesant de devoir faire attention en permanence à chacune de mes actions, de n’avoir aucun espace d’intimité.

Après plusieurs mois de tension au sein de cette première famille d’accueil, un conflit m’a amené à en changer.

Ce n’est que lors de ma prise en charge par une seconde famille que j’ai compris que rien de ce qui m’était arrivé lors des mois précédents n’était « normal ». J’ai ainsi rapidement pu écarter l’idée que les conflits et tensions vécus étaient liés à des différences culturelles.

Cette seconde famille a été particulièrement disponible, bienveillante et respectueuse de mon espace personnel. J’ai pu y manger à ma faim, être accompagnée dans les situations difficiles à gérer seule et j’ai enfin pu découvrir un certain nombre d’aspects de la culture irlandaise. Sans cette famille, je serais sans doute rentrée en Suisse avec une image dégradée de l’Irlande.

Malheureusement, pour des raisons logistiques que je comprends tout à fait, j’ai dû quitter cette famille avant les vacances de Noël. Nous sommes depuis restés en contact et prenons des nouvelles les uns des autres.

Je suis rentrée à Genève pour les fêtes de fin d’année sans la moindre idée de ce qui se passerait à mon retour en Irlande. Je ne savais même pas si ma coordinatrice locale parviendrait à trouver une famille d’accueil. Ce n’est qu’à la toute fin des vacances qu’elle m’a communiqué les coordonnées des personnes avec qui je passerai les prochains mois. J’étais effrayée et inquiète à l’idée de me retrouver dans une situation similaire à celle du début d’année.

J’ai eu l’occasion à cette période de discuter avec des élèves partis en Irlande, qui comme moi, avaient été amenés à changer de famille et qui étaient tout aussi anxieux de ne pas savoir dans quelles conditions ils allaient passer les mois suivants.

Ma troisième et dernière famille d’accueil s’est montrée très accueillante et sympathique, mais peu accompagnante. Nous n’avons toutefois pas réussi à créer de liens particuliers ; le nombre de conversations et d’interactions a rapidement diminué au fur et à mesure des semaines.

De la même manière, peu de liens ont été tissés avec les étudiants irlandais à l’école. Comme un certain nombre des élèves internationaux que j’ai rencontrés, malgré nos efforts, notre relation avec les élèves irlandais n’évoluait pas au-delà d’interactions cordiales durant les cours.

Le second semestre est passé très vite. J’ai eu le sentiment que ma vie était « sur pause », jusqu’à la fin de mon séjour. Compte tenu de l’environnement peu opportun, j’ai été rapidement contrainte d’abandonner les activités culturelles et sportives auxquelles je me consacrais régulièrement depuis plusieurs années et qui me tenaient à cœur, me maintenaient en forme, telles que le sport et la pratique de la musique.

Les quelques semaines écoulées depuis mon retour m’ont permis de repenser à tête reposée à cette année passée en Irlande. J’ai le sentiment de ne pas avoir pu découvrir beaucoup d’aspects de la culture Irlandaise, et aucun en profondeur. J’ai été amenée à cesser des activités qui comptaient pour moi, à cause des conditions d’accueil, de la situation géographique peu favorable et du peu de liens créés avec d’autres personnes que les étudiants étrangers.

Je suis rentrée de ce voyage véritablement fatiguée. Mon retour m’a permis de retrouver des activités culturelles, artistique et sportives ainsi qu’une intimité et un espace d’écoute rassurant.

Ce voyage aura certes été formateur pour moi, mais le prix à payer m’a semblé un peu trop important, mais j’ai certainement joué de malchance.