A Genève, la vie dans un bunker

Journaliste au Soudan, Mohammed a demandé l’asile en Suisse en 2014. Il s’est retrouve hébergé dans un abri anti–atomique. Choqué par ces conditions d’accueil, il est à la tête du mouvement Stop bunkers qui regroupe près de 200 requérants d’asile. Calme et plein d’assurance, il explique les contraintes alimentaires et des problèmes sanitaires dans les bunkers. Son objectif est de les fermer, et d’avoir de meilleures conditions de vie pour les migrants… à la surface de la terre.

 

Mohammad Awad M. Jadallah, journaliste et membre de Stop Bunkers. Genève, 02.2015
Mohammad Awad M. Jadallah, journaliste et membre de Stop Bunkers. Genève, 02.2015 (C) Alberto Campi.

Nous rencontrons Mohammad Jadallah dans un restaurant à Genève autour d’un café. Il nous explique son vécu dans le bunker en septembre 2014. « J’y ai habité pendant deux  mois en 2014. J’attends la réponse de ma demande d’asile. Habiter dans un appartement, ce n’est pas pareil qu’habiter dans un bunker. La première chose, c’est la liberté de mouvement. Dans le dortoir, dorment soixante personnes, normalement c’est pour vingt-cinq personnes », confie-t-il.

Dans les bunkers, il n’y a pas une cuisine pour préparer les repas. Les pains que l’Hospice général leur donne sont toujours durs, mais ils sont obligés de le manger car ils n’ont pas le choix. « Ce n’est pas bon, des fois il y a des gens qui finissent à l’hôpital à cause de la nourriture », nous explique-il. En janvier 2014, les habitants des bunkers ont écrit une lettre ouverte à l’Hospice par rapport à la nourriture et la façon de vivre dans les bunkers. Ils ont fait environ cinq manifestations et ils ont récolté cent dix-sept signatures des habitants des bunkers. « Les personnes qui ont signé cette lettre sont partis des bunkers, maintenant la situation est vraiment dommage parce qu’ils ont ouvert huit bunkers pour environ cinq cent personnes ». Les requérants d’asile reçoivent une somme de 300 francs suisses par mois, et c’est vraiment un minimum pour eux. Les lieux ne sont pas propres et c’est difficile d’y habiter.

 

 

 

Monsieur Pablo Cruchon, secrétaire politique de Solidarités. Genève, 05.2016
Monsieur Pablo Cruchon, secrétaire politique de Solidarités. Genève, 05.2016. (C) Alberto Campi.

 

Nous rencontrons Pablo Cruchon, secrétaire politique de solidaritéS, un mouvement de gauche, « anticapitaliste, féministe et écologiste », dans les locaux du parti, à Genève. Il travaille depuis longtemps avec des associations qui aident les requérants d’asile. Il a assisté à plusieurs manifestations.

 

 

C’est là qu’il a fait la connaissance de plusieurs résidents des bunkers, qui se sont plaint de la nourriture. « Il y en a un qui est suivi médicalement. Il reçoit de l’argent supplémentaire pour aller acheter des légumes et des fruits. C’est bien la preuve qu’il n’y en avait pas. ». Grâce à la publication dans la presse, l’Hospice a très rapidement réagi. Et a ajouté des fruits et légumes dans la nourriture des requérants. Mais Pablo Cruchon a des doutes. « Le niveau de la nourriture n’as pas vraiment changé à long terme. Il y a eu une amélioration rapide, mais il faut attendre encore un ou deux mois pour voir les résultats. » Mais de son côté, l’Hospice estime que la nourriture est équilibrée. « L’Hospice dit qu’ils font les plats à l’interne. Ils délèguent ça à leurs ateliers, et c’est des gens qui sont en insertion qui préparent les plats. Mais nous, on estime que ce n’est pas possible que ces ateliers fassent 1 200 plats par jour », explique Pablo Cruchon.

Dayara et Gjenete