Le Caré : parcours de vie de SDF

Après plusieurs semaines au Caré, Buzzwall 24 a constaté que la précarité existe toujours à Genève. Le Caré accueille aussi bien des bébés, des enfants en âge scolaire, des jeunes adultes ainsi que des  personnes âgées. Le Caré a pour mission de donner un endroit chaud, avec des douches, habits et repas, donnés gratuitement. Des dizaines de bénévoles et de permanents sont toujours à l’écoute, donnant du temps aux personnes qui fréquentent le Caré. 

Pour comprendre les actions du Caré, nous avons passé quelques jours dans cette structure, au contact des personnes dans le besoin. Afin d’établir plus facilement un dialogue et de gagner la confiance des usagers, nous avons pu aider aux tâches quotidiennes.Pendant ces trois semaines, nous avons suivi certaines personnes, en particulier pour qu’elles puissent nous raconter un peu leur parcours.

 

L’accès au Caré se fait depuis une rue où se trouve une église. Pour y accéder, il faut descendre quelques marches d’escaliers. L’entrée donne directement sur une grande salle, conviviale pour toutes les personnes qui fréquentent le lieu. Cette pièce contient une vingtaine de tables. Un coin où les personnes peuvent se servir à manger, un coin jeux avec baby-foot, ou encore un espace dessin pour les enfants, une activité à laquelle mêmes les personnes âgées participent. Ils ont également la possibilité de jouer avec des instruments de musique dans une salle réservée pour cet usage.

Ensuite, nous trouvons un couloir qui donne accès aux douches, pour que les personnes puissent avoir une meilleure hygiène. Ils ont la possibilité de se laver ou de se brosser les dents. Il y a même l’option couper les cheveux sur rendez-vous. Des personnes sont là à leur disposition pour leur servir la nourriture ou pour jouer avec eux.

Le Caré est agréable à vivre, c’est grand, on ne se sent pas étouffé. Au contraire, il y  a une très bonne ambiance et la plupart des gens s’entendent bien. Il y a également un stock dans la partie réservée aux responsables. Ils y conservent toute une gamme  d’articles. Les bénéficiaires peuvent demander ce dont ils ont besoin, comme des pâtes, des couches-culottes, des déodorants ou des habits, notamment en vue d’entretiens d’embauche. Les responsables du Caré offrent une aide pour rédiger des CV et lettres de motivation.

 

Un responsable du Caré a répondu à nos questions. Quand est-ce que le Caré a été créé ?

 

Les personnes rencontrées ont des vécus variés. Une maman accompagnée d’un bébé, venue chercher des couches-culottes, nous a expliqué sa situation. Ayant perdu son emploi, elle avait des problèmes avec la justice pour cause de factures impayées, et cherchait un avocat ainsi que d’autres formes de soutien.

Un monsieur très réservé, la trentaine, a également partagé des fragments de vie. Enfant, il a vécu dans des  foyers. Puis, à sa majorité, il a quitté la France pour chercher un travail à Genève, pour s’en sortir. Mais rien n’a abouti. Aujourd’hui, il vit dans la rue. Le plus souvent, il dort à l’aéroport mais il est fréquemment chassé et finit par s’installer dans le parking souterrain. Durant la journée, il passe le  plus clair de son temps au Caré, surtout durant les périodes froides. A la belle saison il se promène en  ville, au bord du lac et ne va au Caré que pour prendre ses repas ou pour son hygiène. Il fait de temps à autre la manche mais souffre du regard des passants. Il ressent de la suspicion,  comme s’il se droguait ou était alcoolique. Et pourtant, il est fier de ne pas toucher à ça.

Un jeune homme de 21 ans, Ermiri, surnommé « Miri », Kosovare, est arrivé à Genève avec son cousin  récemment. Dans son pays d’origine, il était à l’université et souhaitait devenir architecte. Il projetait  de poursuivre sa formation à Genève, mais sa maîtrise du français est insuffisante et la  reconnaissance de son cursus universitaire pose des problèmes. Il vit chez sa tante et passe ses  journées au Caré. De temps à autre, il trouve des petits boulots, de peinture par exemple. Il imagine  son avenir à Genève et se projette dans la vie professionnelle.

Daniela, Angie et Fernando