La Suisse, coffre-fort d’Hitler

(52’22 »)

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 Réalisateur: Olivier Lamour

Auteur: Xavier Harel

Comment le IIIe Reich a-t-il pu financer sa machine de guerre en action dès l’accession d’Hitler au pouvoir ?

A l’heure où les armées du IIIè Reich envahissent la Pologne, les caisses sont vides. Débute alors une vaste razzia dans les pays conquis. Les nazis pillent l’or, les oeuvres d’art, les fonds des banques centrales; bijoux et dents en or des juifs raflés partout en Europe viennent grossir le butin. Il faut alors changer ces valeurs colossales et acquérir les matières premières qui font défaut pour alimenter la machine de guerre. Au coeur du continent, voisin du géant allemand : la Suisse. Le petit Etat prétendument neutre, va jouer le rôle de bureau de change du IIIe Reich. Il lui garantit ainsi les devises nécessaires à l’acquisition des matières premières pour ses usines d’armement.

 » La Suisse, coffre-fort d’Hitler  » est une investigation historique qui offre une nouvelle lecture de la Seconde Guerre mondiale, une lecture économique et financière. Ce récit historique s’appuie sur des témoignages d’experts en Suisse, aux USA, au Portugal. Il s’appuie également sur des dessins, animés par le studio de films d’animation  » Je Suis Bien Content », qui a produit, entre autres, le long-métrage Persepolis adapté de la bande-dessinée éponyme de Marjane Marjane Satrapi. (Rtbf)

 

Revue Historia:

La Suisse, coffre-fort d’Hitler

Ce documentaire de Xavier Harel et Olivier Lamour se penche sur le rôle essentiel de la Banque nationale suisse dans le blanchiment de l’or nazi. Une approche éclairante de la Seconde Guerre mondiale sous l’angle économique et financier.

La Suisse, pays neutre ? Cette fable a-t-elle jamais été crédible ? Le film écrit par Xavier Harel – co-écrit et réalisé par Olivier Lamour, nous plonge dans les tréfonds d’une histoire pourtant largement occultée. Pourquoi la Suisse n’a-t-elle jamais été envahie ? Ses habitants ont longtemps entretenu la légende d’une vaillante armée suisse, semblable au hérisson, capable de tenir à distance grâce à ses piquants, le monstre nazi. Lorsque Hitler lance sa Blitzkrieg, sa guerre éclair, les réserves d’or de la Reichsbank sont déjà presque vides. L’annexion de l’Autriche en 1938 et la main mise sur le milliard de marks du pays ont permis au IIIe Reich de tenir jusque là mais cette manne, engloutie dans le financement de l’énorme machine de guerre allemande, est épuisée. Dans tous les pays conquis et occupés, les Nazis pillent, volent, font main basse sur les lingots des banques centrales. Mais ils doivent absolument échanger cet or contre des devises pour pouvoir continuer à importer massivement tout ce dont ils ont besoin pour poursuivre la guerre, en particulier le tungstène portugais, le seul métal capable de supporter des températures de milliers de degrés utilisés notamment dans le moteur des Stukas, les bombardiers allemands. Un seul pays est à même de le faire. Leur voisine, la Suisse, partenaire financière d’avant-guerre, qui ne va pas se montrer très regardante – c’est le moins que l’on puisse dire ! – sur l’origine des tonnes d’or qui arrivent par camions entiers dans ses coffres et de manière exponentielle.

En blanchissant l’or nazi, la BNS a permis la poursuite de la guerre, impossible sans son soutien. 400 tonnes de lingots seront traités pendant toute la durée de la guerre et jusqu’aux derniers instants du Reich, soit rapporté au PIB 84 milliards d’euros. Des historiens et des experts suisses, américains, et portugais, analysent tout ce processus économique qui aura des rebondissements dans les années 1990 avec l’affaire des comptes en déshérence concernant l’argent des Juifs disparus en camps d’exterminations.

Un documentaire passionnant qui amène le spectateur à se poser une question : la Suisse, forte de ses 4 millions d’habitants, avait-elle le choix ? Les Suisses eux-mêmes n’y sont pour rien, mais la BNS a sans aucun doute saisi l’occasion d’en tirer un profit substantiel, en somme, comme en temps de paix.

Véronique Dumas

 

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