Face au numérique et à l'IA, des enseignants inquiets, mais pas réfractaires

Lundi, 9 octobre 2023

Les enseignantes et enseignants du secondaire montrent à la fois de l'intérêt et de l'inquiétude face à l'intelligence artificielle. C'est le nouveau constat qui ressort d'un sondage réalisé par le service écoles-médias le printemps dernier auprès de l'ensemble du corps enseignant du CO et de l'ESII. Cette enquête sur « l'usage et l'intérêt pédagogique des outils numériques dans l'enseignement » se déroule en principe toutes les années en alternant degrés primaire et secondaire. Celle de 2023, dont le taux de participation de 36% est conforme aux standards habituels, ne pouvait donc pas passer sous silence l'émergence de ChatGPT en particulier et l'IA en général.

Ainsi, 48% (au CO) et 47% (à l'ESII) des personnes interrogées se disent inquiètes pour l'avenir de leur profession face à l'émergence de l'IA. Néanmoins, 30 % et 35 % pensent que celle-ci peut être un atout en classe, alors que 34% et 41% estiment qu'elle peut les aider dans leur travail de préparation des cours.

Le numérique largement répandu en classe

Cette réserve se constate également face au numérique dans sa globalité : 35% des enseignantes et enseignants au CO et 32% à l'ESII estiment qu’il renforcera la démocratie. La proportion était de 50% lors de la précédente enquête au secondaire, en 2019*. Chute tout aussi nette face à l’affirmation: « Les élèves sont suffisamment formés pour devenir de futurs citoyens dans la société numérique.» Seul 12% du personnel enseignant y souscrit au CO et 15% à l'ESII, avec une baisse de respectivement 8 et 10 points.

Inquiets certes, réfractaires non! Ainsi, l'utilisation du numérique en classe est largement répandue. L’équipement fourni est très utilisé, les services en lignes également. Ces derniers ont sans doute bénéficié de la période d’école à distance du printemps 2020. Par rapport à 2019, la suite Google Workspace proposée par le DIP est utilisée par plus de 9 enseignantes et enseignants sur 10, en progression de 14 points au CO et de 15 à l’ESII. Même l’utilisation de la suite Google équipant les ordinateurs privés des enseignantes et enseignants est plébiscitée: six personnes sondées sur dix l’utilisent, soit une population qui a presque doublé. Autre progression notable, la fréquentation du site "laPlattform", qui propose des centaines de documents audiovisuels à caractère pédagogique (fictions, documentaires, films d’animations…): elle passe de 45% à 75% au CO!

Taux de satisfaction élevé

L’univers informatique au DIP demeure perfectible. Par exemple, près d’un enseignant sur deux affirme ne pas encore être équipé du Wi-Fi en classe. Un pourcentage appelé à devenir insignifiant puisqu'une loi votée par le Grand Conseil, en cours de réalisation, prévoit l'installation du Wi-Fi dans tous les établissements du secondaire.

Quoi qu'il en soit, le taux de satisfaction global dépasse légèrement les 70% dans les deux degrés.

Relevons encore que les 3/4 des personnes sondées affirment se débrouiller seules en cas de difficulté. A noter, toutefois, que la minorité (en baisse) qui suit des cours de formation continue en est globalement satisfaite.

Mais au fond, le numérique, au-delà d’apparaître incontournable, est-il utile? Pratiquement tout le personnel enseignant l'utilise pour préparer des cours, mais également pour les donner en classe. Avec quels avantages? Un peu plus de 60% estiment que cela profite à l’ensemble des élèves, mais pour les 3/4 cela bénéficie surtout aux élèves absents pour maladie.

La conclusion ne surprendra personne: 64% des enseignantes et enseignants du CO et 71% de l’ESII affirment utiliser le numérique davantage qu’avant le Covid. Et l’opinion générale qui en ressort est légèrement plus favorable qu’auparavant.

*En raison de la pandémie de Covid, les consultations ont été décalées de deux ans.