UN TRADUCTOR (FILMAR 2018)


Un film de Rodrigo & Sebastián Barriuso I 2018 I Cuba, Canada I 107 min.

Vous trouvez ci-dessous une fiche e-media sur le film et une sélection d’articles sur le sujet:

– Fiche pédagogique e-media sur le film (qui propose un résumé, une analyse, une contextualisation et de nombreux liens):

https://bdper.plandetudes.ch/uploads/ressources/5232/Un_traductor.pdf

Des articles:

20 Ans après, les enfants de Tchernobyl se soignent aussi à Cuba_biblioeuropresse20181016082727

LUkraine remercie Cuba pour avoir soigné les enfants de Tchernobyl -_biblioeuropresse20181016082353

Source : L’Humanité, samedi 27 Avril, 1996

Cuba soigne toujours les enfants de Tchernobyl

DIX ans après la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986, Cuba continue à accueillir et à soigner gratuitement des centaines de malades ukrainiens originaires des régions affectées par les retombées radioactives. Malgré le lâchage des pays de l’ex-camp socialiste et la crise économique qui s’en est suivie, les autorités cubaines ont maintenu le programme d’assistance médicale lancé en mars 1990. Depuis cette date, 16.000 personnes, dont 13.500 enfants, venant principalement d’Ukraine, mais également de Russie et de Biélorussie, ont été accueillies dans la Cité des Pionniers de Tarara, un complexe balnéaire de 12 km2 situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de La Havane et en partie reconverti en centre hospitalier.

Acheminés vers La Havane sur des vols affrétés par le Fonds ukrainien d’aide aux victimes de Tchernobyl – à raison d’un tous les quinze jours au début et d’un tous les deux mois actuellement -, ils sont pris en charge financièrement, pendant tout leur séjour, par les autorités cubaines. «Cuba est le seul pays qui a fourni une aide médicale massive et gratuite aux victimes de Tchernobyl», déclare l’un des médecins responsables du centre, Rhode Susell Yera Pompa. Malgré les «difficultés présentes», ajoute-t-elle, 220 enfants et 112 adultes, tous ukrainiens, sont actuellement traités à Cuba.

 

 

Source : Agence France Presse (AFP)/L’Internaute, mis à jour le 28/04/2016.
https://www.linternaute.com/actualite/monde/1299218-les-enfants-de-tchernobyl/1299594-les-enfants-de-tchernobyl-dernieres-victimes-de-la-catastrophe

Les enfants de Tchernobyl, dernières victimes de la catastrophe

par La Rédaction de L’Internaute

Ils ne font pas partie des victimes directes de l’accident de Tchernobyl. Pourtant, les enfants nés après le 26 avril 1986 dans les environs de la centrale paient un lourd tribut à la catastrophe…

On les a appelés les « enfants oubliés de Tchernobyl ». Depuis le 26 avril 1986, des enfants ukrainiens, mais aussi biélorusses, répartis sur plusieurs générations, souffrent des conséquences de la catastrophe. Ils n’ont pas été les victimes immédiates du pire accident nucléaire de l’histoire, ne sont comptabilisés ni parmi les morts dans l’explosion du réacteur numéro 4, ni parmi les personnes directement tuées ou contaminées par les radiations. Pourtant, ils sont nés de parents eux-même exposés et souffrent de malformations, spina bifida, hydro et microcéphalies, de handicaps moteurs ou mentaux, et surtout de cancers, leucémies et de problèmes de thyroïde. Qui sont ces enfants de Tchernobyl invisibles car inchiffrables ? Rencontre, en images, avec plusieurs d’entre eux.

Le bilan de la catastrophe de Tchernobyl est particulièrement difficile à réaliser et fait encore aujourd’hui l’objet de vifs débats. Le dernier bilan officiel en date, réalisé par le « Forum Tchernobyl », sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Comité scientifique des nations Unies sur les effets des rayonnements atomiques (UNSCEAR), fait état d’une petite cinquantaine de décès directs de la catastrophe auxquels il faut ajouter 7000 cancers de la thyroïde. Près de 10 000 cancers pourraient être imputés à la catastrophe dans les années à venir. L’Ukraine a formellement reconnu jusqu’ici 35 000 décès liés à Tchernobyl. Mais ce bilan est contesté à la fois par des études scientifiques, des associations ou par des médecins qui, sur le terrain, en Ukraine ou en Biélorussie, le jugent sous-estimé.

Culture du secret de l’URSS oblige, ce chiffre oublie en effet une foule d’individus directement atteints, en particulier parmi les centaines de milliers de « liquidateurs » envoyés en urgence sur place en 1986 et exposés au Cesium 137 qui s’est massivement échappé de la centrale. Il oublie surtout les personnes nées après la catastrophe. Les générations successives d’enfants nés dans les territoires encore contaminés présentent en effet une santé inquiétante. Si l’augmentation la plus notable des malformations chez les nouveaux nés a été observée entre 1987 et 1990 (l’irradiation affectant directement le foetus), des populations entières se sont nourries pendant 30 ans et se nourrissent encore de légumes ayant poussé dans des sols contaminés. Il est donc impossible d’évaluer de manière exhaustive le nombre de décès et de maladies imputables à Tchernobyl. Un nombre qui pourrait encore augmenter.

REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE (attention, contient des images difficiles)

Les enfants de Tchernobyl, dernières victimes de la catastrophe

par Javier Galeano pour les agences AP et SIPA

https://www.linternaute.com/actualite/monde/1299218-les-enfants-de-tchernobyl/1299594-les-enfants-de-tchernobyl-dernieres-victimes-de-la-catastrophe

 

Source : Le Grand Soir, journal militant, 26 août 2006. https://www.legrandsoir.info/cuba-tchernobyl-lettre-a-maria.html

Cuba – Tchernobyl : Lettre à Maria.

par Viktor DEDAJ

Chère Maria,

Je ne sais pas si mon nom vous dira quelque chose. A vrai dire, je ne crois pas vous avoir laissé un souvenir impérissable. C’est pourtant vous qui m’avez donné, au détour d’une seule phrase, une des plus belles leçons d’humanité qu’un homme puisse recevoir. Il y a déjà quelques années de cela mais, comme vous pouvez le constater, je n’ai pas oublié.

Vous souvenez-vous, Maria, de cet occidental en visite sur votre île qui voulait vous poser quelques questions ? En réalité, et pour être en phase avec mon état d’esprit à cette époque, je voulais plutôt vous demander de justifier votre soutien à un certain Fidel Castro. « Comment pouvez-vous… » aurait probablement été le début de l’interrogatoire en bonne et due forme que je vous avais préparé. Oui, Maria, je sais. Mais comprenez-moi, c’était « avant ».

Vous n’aviez pas vraiment le temps, mais vous m’avez quand même accordé 15 minutes d’entretien, comme ça. Je n’ai pas eu l’élégance de relever la gentillesse de votre geste, n’est-ce pas, Maria ? Après tout, je venais de France, comprenez-vous ? Et vous, eh bien, vous n’étiez qu’une Cubaine. Médecin. « Encore un ? » aurais-je dit avec ironie à l’époque. Oui, Maria, je sais. Mais c’était avant.

Vous étiez en charge du programme (cubain) de soins dispensés (gratuitement) aux enfants (ukrainiens) victimes des retombées de l’accident (nucléaire) de Tchernobyl. Je n’avais jamais entendu parler auparavant de ce programme. Encore moins de vous, d’ailleurs. Mais une amie cubaine a insisté pour nous présenter.

Vous m’avez expliqué que les autorités ukrainiennes envoyaient les enfants se faire soigner à Cuba. A l’époque (à savoir au début des années 90), environ 5 000 étaient pris en charge par vos services. Je crois savoir que, depuis, ce chiffre est monté à plus de 15.000. Etes-vous toujours responsable de ce programme Maria ? Je me pose souvent cette question.

L’entretien dura plus longtemps que prévu. Plusieurs heures en fait. Je suppose que vous vous sentiez en confiance et rassurée par cet occidental qui cherchait avant tout à comprendre. Vous avez finalement regardé votre montre et vous vous êtes levée en déclarant qu’un avion arrivait d’Ukraine, avec deux cents enfants supplémentaires, et que vous ne saviez pas encore où vous alliez les loger. Vous vous êtes même excusée. Excusée de n’avoir plus le temps.

Mais quelques jours auparavant, j’avais lu dans la presse commerciale de chez nous que les Etats-Unis avaient présenté à l’ONU (encore) une résolution visant à condamner Cuba pour « atteintes aux Droits de l’homme ». Cela ne me choqua pas car, à l’époque, j’étais encore ce que l’on appelle un anticastriste. Comme tout le monde, quoi. Je vous ai parlé de ce vote. Bien entendu, vous étiez au courant.

« L’Ukraine n’a-t-elle pas récemment condamné Cuba pour atteintes aux Droits de l’homme ? » vous ai-je demandé. « Oui, c’est exact, » m’avez-vous répondu. « Et ils vous envoient dans la foulée deux cents enfants de plus ? » ai-je insisté. « Oui, » m’avez-vous confirmé, apparemment sans trop savoir où je voulais en venir.

C’est étrange comme certaines vies peuvent basculer, au détour d’une rencontre ou d’une phrase. Je garde encore les traces de la tempête qui se déchaîna sous mon crâne.

M’en voulez-vous encore, Maria ? Me pardonnerez-vous un jour cet échange ? Pire : l’avez-vous gardé en mémoire ? Non ? Alors le voici :

Moi : « L’Ukraine vous condamne à l’ONU, puis ils vous envoient deux cents enfants de plus se faire soigner gratuitement chez vous (en pleine « période spéciale »)… ? »

Vous : « Oui »

Moi : « Et vous les acceptez ? »

A ce moment-là , j’ai senti que je venais de perdre toute l’estime péniblement gagnée au cours de ces quelques heures passées en votre charmante compagnie. Vous m’avez jeté ce regard qui me hante encore. Un mélange de tristesse et de déception. Vous m’avez simplement répondu : « Mais… ce n’est pas la faute des enfants ». Puis vous êtes partie.

Oui, vous êtes partie mais vous ne m’avez jamais quitté. Comment oublier une telle claque ? De celles qui vous font du bien, de celles qui vous font grandir.

Mais parce que n’importe lequel d’entre « nous » vous aurait posé la même question, et parce que n’importe quel Cubain digne de ce nom aurait répondu la même chose, m’en voudriez-vous de considérer que cette réponse n’est pas celle de Maria à Viktor, mais celle de Cuba à l’Occident tout entier ?

Voyez-vous, Maria, je crois vous avoir comprise. Et depuis notre rencontre, je me suis fixé comme objectif d’être digne de cette leçon. Leçon involontaire, j’en conviens. Et c’est bien pour ça qu’elle n’en est que plus belle. En tout cas, j’aurais essayé.

Oui, Maria, je l’avoue, il y en a eu d’autres après vous. Beaucoup d’autres. De La Havane à Santiago en passant par Santa Clara. Mais vous étiez la première, celle que l’on n’oublie pas.

C’est pour cette raison, chère Maria, que je me suis enfin décidé à vous faire une lettre, que vous lirez peut-être. Si vous avez le temps.

Viktor Dedaj

« amoureux en transit », août 2006

 

 

Source : La Relève (revue de l’Union de la Jeunesse communiste UJC), 27 novembre 2017.http://www.unionjc.fr/2017/11/27/la-releve-des-jeunes-victimes-de-tchernobyl-a-cuba/

La Relève : des jeunes victimes de Tchernobyl à Cuba

Décrit comme une terrible « dictature communiste », Cuba a plus d’une leçon à nous enseigner en terme de solidarité entre les peuples. Et cela même lorsque le pays connaît de nouvelles difficultés économiques et politiques.

Dans un contexte de renversement de l’Union Soviétique, Fidel Castro décide en 1990 d’accueillir des jeunes victimes de l’accident nucléaire de Tchernobyl de 1986. Les premiers jeunes arrivent dès le mois de mars 1990 et pendant plus d’une vingtaine d’années, Cuba accueille plus de vingt trois mille jeunes victimes ukrainiennes dans des centres de réhabilitation de Tarara, à l’Est de la Havane. Le traitement médical est gratuit.

Lorsque l’on remonte dans l’histoire, ces centres de réhabilitation ont été autrefois des maisons que la bourgeoisie cubaine a abandonnées lors de la Révolution cubaine de 1959. Jusque dans les années 1980 ces maisons ont servi aux enfants cubains pour passer leurs vacances. Elles se situent près des belles Playas de este(« Plages de l’Est ») et permirent aux jeunes cubains de venir se détendre et poursuivre leurs études avec des infrastructures adaptées pour l’enseignement scolaire. Les infrastructures furent alors réaffectées pour accueillir les victimes de Tchernobyl dans les années 1990.

Pour faire face aux maladies provoquées par les radiations, Cuba conçoit un système nommé Summa (Système ultra-micro-analytique) qui permet de prévenir lors de la grossesse ou de l’accouchement une maladie qui provoque un profond retard mental si elle n’est pas traitée pendant les sept premières années de la vie de l’enfant. C’est un système entièrement cubain et qui s’est ensuite exporté en Russie et au Brésil.

Ce programme d’accueil et de soin des jeunes victimes de l’accident nucléaire de Tchernobyl fut onéreux pour l’État cubain. Néanmoins Cuba a réussi à fournir son aide puisque le pays dispose d’infrastructures et de programmes adaptés, alors qu’il subit un blocus criminel depuis 1960. Son avancée dans le domaine médical est nettement reconnu partout dans le monde et des formations en médecine sont proposées, notamment au Venezuela. Cela place Cuba parmi les premiers pays les plus développés dans le domaine médical et pédiatrique. L’abolition du capitalisme et l’adoption du socialisme ont permis au pays de se développer sur la base de la satisfaction des besoins des individus, en prenant en compte les freins imposés non par la logique du profit mais par le blocus criminel des États-Unis, encore en vigueur aujourd’hui et probablement renforcé avec l’administration Trump.

Après la disparition de son allié soviétique, Cuba n’a pas arrêté d’aider le peuple ukrainien en continuant d’accueillir de jeunes victimes de l’accident nucléaire. Tout ceci même lorsque la bourgeoisie ukrainienne, qui a repris le contrôle de son pays après le renversement du socialisme, vote conjointement avec les États-Unis des sanctions contre Cuba à l’ONU, pour des supposées atteintes aux droits de l’homme.

C’est ainsi que Cuba fit preuve d’une solidarité internationaliste envers les peuples, l’internationalisme étant un pilier du socialisme. Où sont passés les pays « démocratiques » tels les États-Unis ou la France qui font payer les soins aux travailleurs et aux jeunes ? Où sont ces pays « démocratiques » qui, au nom de la démocratie et la liberté provoquent la misère et des guerres impérialistes dans le monde ?

Cuba, une dictature.. mais pour qui ? La bourgeoisie s’effraie à l’idée qu’une « dictature communiste » puisse aider les peuples, puisse fournir un exemple pour les droits des travailleurs, à savoir la santé et l’éducation gratuites, et disposer des meilleurs médecins au monde (des patrons américains vont à Cuba se faire soigner). Elle s’en effraie tellement que les abstractions de « dictature » et de « démocratie » deviennent ses seuls arguments contre les communistes. Alors, Cuba, une dictature.. mais pour qui ?

 

VIDEO : Tchernobyl : Cuba soigne des victimes depuis 20 ans

Source : AFP. https://www.dailymotion.com/video/xg9qqu

 

https://www.unicef.org/french/infobycountry/ukraine_33604.html

Vingt ans plus tard, la catastrophe de Tchernobyl continue d’affecter la santé des enfants

Par John Varoli

TCHERNOBYL, Ukraine 26 avril 2006 – Pour les 20 ans de la catastrophe de Tchernobyl, l’UNICEF demande aux gouvernements des pays encore touchés par les conséquences de l’explosion nucléaire de prendre de toute urgence une mesure simple mais efficace pour sauver et améliorer les vies : ioder le sel.

Le manque d’iode dans les régimes alimentaires des enfants qui vivent dans la zone contaminée les rend en effet plus vulnérables au cancer de la thyroïde et aux maladies liées aux carences en iode. Ces enfants pourraient être protégés par l’iodation de tout le sel consommé, le coût de l’opération ne s’élevant qu’à  4 cents de dollars E.-U. par personne.

«Les carences en iode durant la grossesse affectent le développement cérébral du foetus, explique le Directeur général adjoint de l’UNICEF, Kul Gautam. C’est la première cause mondiale d’arriération mentale. C’est un risque pour les femmes enceintes et les jeunes enfants. Même les formes légères de carences en iode peuvent abaisser le Q.I. des enfants de 10 à 15% avec comme conséquence de mauvais résultats scolaires et une baisse de la productivité chez les adultes.»

La «génération Tchernobyl»

L’UNICEF espère aussi rappeler au reste du monde que les enfants continuent ici de souffrir bien qu’ils soient nés des années après la catastrophe.

«Tchernobyl? Mais cela s’est passé il y a 20 ans, remarquait Irina, une jeune femme de St-Pétersbourg, en Russie, en entendant parler du récent atelier photographique organisé par l’UNICEF pour les enfants de la zone dévastée. Pourquoi donc l’UNICEF s’inquièterait-il donc aujourd’hui de Tchernobyl? Cela appartient au passé.»

Malheureusement, l’opinion d’Irina n’est que trop fréquente en Russie. La région de Bryansk, dans laquelle sont incluses une partie de l’Ukraine et de la Biélorussie, ont  été éprouvées par les retombées du nuage radioactif à la suite de l’accident qui, le 26 avril 1986, avait détruit le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, alors située en Union Soviétique.

L’explosion et l’incendie qui avait suivi avaient alors bombardé de radiations un territoire équivalent à la surface de l’Allemagne et contraint à l’abandon de 400 localités de cette région agricole autrefois fertile. Des centaines de milliers de personnes avaient dû être déplacées et près de 600 000 «liquidateurs», beaucoup travaillant sans la moindre protection, avaient sacrifié leur santé pour contenir et sceller le réacteur endommagé.

«Une chose est absolument certaine : l’incidence croissante des cancers de la thyroïde chez les enfants provoquée par les retombées d’iode radioactive a été en terme de santé l’impact le plus spectaculaire de Tchernobyl, explique Kul Gautam. Il y a plus de 4 000 cas de cancer de la thyroïde parmi la «Génération Tchernobyl» d’enfants. Mais le cancer est seulement la pointe de l’iceberg. Les carences en iode, très courantes dans les environs de Tchernobyl et d’autres parties de la Biélorussie, de la Fédération Russe et de l’Ukraine font courir à toute une génération d’enfants le risque de développer des lésions cérébrales.»

Les enfants sont particulièrement vulnérables

A l’heure actuelle, la situation de la plupart des six millions de personnes qui vivent dans ou à proximité des zones contaminées n’est pas jugée suffisamment grave pour justifier une évacuation. Bien que des centaines de villes et villages soient considérés comme habitables, les champs environnants, les fonds des lacs et les sols des forêts qui leur procurent ressources alimentaires et eau restent pollués.

Presque tous les habitants de Bryansk souffrent de problèmes de santé, les enfants en particulier. La plus grande source d’inquiétude, cependant,  reste la crainte d’anomalies génétiques qui pourraient affecter les générations à venir. Les jeunes gens, particulièrement ceux qui envisagent d’avoir des enfants, tentent de s’éloigner autant que possible. Pour des raisons économiques cependant, bien peu ont cette possibilité.

«Les adultes pensent que 20 années ont passé et que les problèmes sont terminés, constate Lubov Olenfirenko, responsable à Bryansk, du Fonds russe pour l’enfance. Alors c’est aux enfants de continuer à poursuivre le combat.»

 

 

Source : Le Temps, 14 mai 1998

CUBA

Fidel Castro est consacré par l’OMS, mais le système de santé cubain est malade

par Thérèse Obrecht, de retour de Cuba

Le «lider maximo» est arrivé hier à Genève et séjournera durant une semaine en Suisse. Il y rencontrera Flavio Cotti et recevra une médaille de l’Organisation mondiale de la santéMais au pays, au-delà des statistiques et discours officiels, la santé publique, acquis emblématique de la révolution castriste, se trouve dans un piètre état

Vêtu de son traditionnel uniforme vert-olive, Fidel Castro a débarqué hier en début d’après-midi à Genève-Cointrin pour une visite de plus d’une semaine en Suisse. Invité à participer au 50e anniversaire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Comandante en jefe doit prononcer aujourd’hui jeudi une allocution et recevra à cette occasion la médaille de la Santé pour tous.

Peu de détails ont filtré sur les déplacements de Castro, sinon qu’il doit rencontrer le conseiller fédéral Flavio Cotti mercredi prochain. Son séjour prolongé est célébré avec allégresse dans la presse cubaine, contrôlée par le pouvoir. Une large place y a été faite à la decisión de Ginebra, à savoir la non-condamnation de Cuba par la Commission des droits de l’homme de l’ONU il y a trois semaines.

Ce camouflet, infligé à Washington grâce aux voix des pays en voie de développement, fait partie des petites victoires cubaines contre le grand voisin du Nord, au même titre que la condamnation de l’embargo américain par le pape Jean Paul II en janvier dernier et par le premier ministre canadien accueilli fin avril à La Havane.

Si l’embargo américain vieux de trente-sept ans, appelé faussement el bloquéo, ou blocus, reste le thème de prédilection de tous les discours-fleuve du chef de l’Etat cubain, la santé incarne, elle, l’une des conquêtes emblématiques de la révolution castriste, à côté de l’éducation pour tous. Cuba a en effet réussi à éradiquer des maladies qui sévissent ailleurs en Amérique latine, et parmi les pays en voie de développement, l’île figure en tête des statistiques de l’OMS. Même Bill Clinton s’est fendu d’un éloge, la semaine dernière, à l’égard du système de santé cubain, signe que Washington explore discrètement les voies permettant de desserrer l’étau de l’embargo qui sert, en fait, à renforcer la position de Fidel Castro.

Un embargo étouffant

Or, si les soins gratuits sont maintenus à Cuba en ce temps de período especial, à savoir une crise économique de plus  en plus désastreuse, la réalité est peu glorieuse sur place. Eau contaminée, habitat insalubre et alimentation à la limite de la survie sont les premières causes de la dégradation de l’état de santé de toute une population. Même l’information officielle ne tait plus les épidémies de neuropathie, de dysenterie, de fièvre typhoïde ou d’hépatite virale. La valeur calorifique des quelques produits de base obtenus grâce à la libreta (coupons de rationnement), empêche qu’on ne meurt de faim, mais cette ration est totalement insuffisante et dépourvue de protéines et de vitamines. Ensuite, le manque de médicaments, en raison notamment de l’embargo américain, réduit les soins de santé à la part congrue. Selon une source gouvernementale, les médecins cubains n’ont accès qu’à la moitié des médicaments disponibles sur le marché mondial. Et selon de nombreux Cubains, la gratuité des soins n’est plus qu’un lointain souvenir de l’âge d’or du socialisme.

Car aujourd’hui, même les médicaments fournis par des organisations humanitaires sont le plus souvent vendus aux patients, contre des dollars, par des médecins et infirmières qui gagnent l’équivalent de 20 francs par mois. Petits cadeaux au personnel soignant, savon, cigares, café ou nourriture, augmentent la chance d’être bien traité. Le billet vert permet d’avancer à grands pas dans les listes d’attente pour les opérations. Les parturientes sont priées d’amener leur propre drap, et tous les patients doivent apporter leurs repas et de l’eau potable, ainsi que des bougies (pour les coupures de courant) et des ampoules (entre les coupures). Les conditions sanitaires sont déplorables, à l’image de cette salle commune où dix patients se passent le récipient urinaire d’un lit à l’autre, avec les risques de contagion qu’on s’imagine.

 

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