Dans la pièce des Fausses Confidences, c’est un valet – Dubois – qui tire les ficelles. Il sert dame Araminte, en quête d’un intendant de confiance pour protéger ses intérêts lors d’un procès qui l’oppose au Comte Dorimont, envieux de l’épouser. Autrefois, le valet Dubois servait son désormais ami Dorante, et neveu de Monsieur Rémy. Ce dernier est aussi le procureur d’Araminte, à qui il recommande son neveu comme intendant. Elle accepte, sans savoir que Dorante est follement amoureux d’elle et, malgré son statut, la convoite. Dubois joue le parfait entremetteur ! L’art de son discours – par lequel Marivaux perce si bien les mystères des êtres – transforme les états d’esprit et lui permet, tant bien que mal, d’atteindre son objectif. Si sa cible principale reste Araminte, tout le personnel est touché, public compris : on ne peut se fier à aucune parole et la vérité semble s’être dissimulée en coulisses.
Dans la mise en scène d’Alain Françon, Dubois – interprété par Gilles Privat – est sans scrupule. Son savoir le dote d’une telle puissance manipulatrice qu’il en devient cruel. Renversant les classes, il triomphe de l’autoritaire et intéressée mère d’Araminte et du Comte Dorimont. Grâce à ses subterfuges (et à l’amour !), Araminte finira par désirer Dorante. Celui-ci idolâtre sa dame inaccessible, peint son portrait, construit cette image parfaite à laquelle Araminte succombe. L’amour fait naître l’amour propre[1], et un sens de la justice aiguisé. Comme les sentiments de Dorante sont indignes de sa maîtresse, les antagonistes de la pièce veulent le chasser. Pourtant, Araminte, ne lui trouvant aucune faute, le garde et le choisit. Le coup de foudre de Dorante conduit au coup de force d’Araminte1.
[1] Alain Françon
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