« Le métier de héros entraine des frais considérables », affirme la secrétaire d’Hercule au début de cette réécriture du mythe par Dürrenmatt. Afin d’honorer ses dettes, le demi-dieu se voit donc contraint d’accepter l’offre d’Auglas, riche paysan d’Élis : il va falloir décrotter ce pays (qui évoque furieusement la Suisse), le purger du fumier qui recouvre tout et déborde de partout…
Giulia Rumasuglia s’empare à la fois du mythe et de l’écriture férocement caustique du satiriste suisse, en choisissant de s’attarder sur un épisode en particulier : celle de la halte d’Hercule dans un cirque.
Dans cette scène de la pièce de Durrenmatt, Hercule, acculé par les dettes et dans l’attente de la décision d’une des commissions éléennes, se voit contraint de se produire dans un cirque. Sa force se retrouve ainsi mise à profit non plus du sauvetage de la population, mais du spectacle, du divertissement. Et c’est là qu’Hercule apparait comme
éminemment théâtral. Hercule est un acteur. Ou une actrice. On l’encourage, on l’applaudit, on le console. C’est la notion de héros même qui est remise en question.
Un seul-en-scène pour Hercule, héros aux prises avec l’asphyxie générale : l’Élide croule sous le fumier, l’air de notre siècle est irrespirable et la parole tombée aux oubliettes de Dürrenmatt se fraie un chemin de 1964 à 2024 pour un bras de fer avec les démocraties ressemblantes et le courage qui se dérobe.
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