La guerre d’Algérie. Ses illusions. Ses espoirs. Ses déceptions. Ses non-dits. Elle a beau remonter à un demi-siècle, elle continue à hanter les souvenirs de ceux qui l’ont vécue, telle une braise toujours brûlante dont ils n’osent pas vraiment parler. Ses répercussions retentissent en France jusqu’à nos jours. À l’épicerie, aux ressources humaines, au coin de la rue. Dans les amalgames et les préjugés, dans l’incompréhension et la nostalgie. Il y a là un volcan prêt à exploser. Un incendie dans l’air. Mais ce passé colonial, si on osait l’affronter et le surmonter, ne pourrait-il pas aussi être source de rapprochement ? La poésie parviendra-t-elle à dire la fraternité ?

À partir de témoignages réels récoltés auprès d’anciens combattants, de rapatriés de la guerre d’Algérie, de harkis, de pieds-noirs, ainsi que de leurs enfants et leurs petits enfants dans divers départements français, l’auteur Sébastien Joanniez et la metteuse en scène Émilie Flacher ont bâti une trilogie théâtrale, dont les trois volets se situent respectivement dans le passé, le présent et l’avenir. Loin du théâtre documentaire, c’est un spectacle-mémoire subjectif et subtil qui s’ouvre à nous, un voyage composé de bribes poétiques, d’évocations et d’images fortes, porté par une narration habile, entre marionnette et théâtre d’objet. Avec une ironie empreinte de finesse et une simplicité percutante, Écris-moi un mouton, dont les deux premières parties sont présentées ici, pointe les liens indélébiles entre la France et l’Algérie et un désir d’harmonie qui transcende toute différence.