C’est la troupe et série télévisée de Jérôme Deschamps et de Macha Makeïeff, Les Deschiens, qui réunit il y a une trentaine d’années maintenant le trio François Morel, Olivier Saladin et Olivier Broche. Au même moment, Yasmina Reza écrit son plus grand succès, sa pièce Art qui sera jouée pour la première fois en octobre 1994 et sera traduite en 35 langues :
Serge, médecin dermatologue amateur d’art, convie ses deux amis de toujours, Yvan et Marc, pour leur montrer sa dernière acquisition, un tableau blanc dont le prix s’élève à 200’000 euros – détail qui, lui, ne laisse pas de marbre. Marc s’insurge ; Yvan ne sait qu’en penser, trop occupé à la préparation de son mariage ; Serge est déçu. Le monochrome déclenche une tempête de reproches, haute en couleurs. On vide son sac. On se questionne sur l’autre, et nécessairement sur soi, quitte à se plaindre auprès du public même.
En somme, l’art n’est peut-être qu’un prétexte pour parler de ce qui a vraiment de la valeur : l’amitié. Celle des trois artistes Morel, Broche et Saladin est immuable, elle se prête au jeu. Immuable, malgré ce monde en perpétuel mouvement et malgré les parcours de vie évoluant constamment. Pourquoi ? Qu’est-ce qui subsiste ?
Peut-être juste un certain sens de l’humour, le plaisir de s’engueuler, de se contredire. La jouissance de la mauvaise foi, la joie de la réconciliation… Le bonheur d’être vivant.[1]
[1] François Morel
Responsable de la médiation: m.kupferschmid@theatredecarouge.com