Au primaire, on regrette le manque d’équipement informatique

Mardi, 6 septembre 2022

Réalisée de début mai à début juin, l’«Enquête 2022 sur l’utilisation des technologies numérique au primaire» a rencontré un succès net : 39,5 % de participation. Cela correspond à un bond de 13 % par rapport à la précédente consultation dans ce degré d’enseignement qui datait de 2018. Le Covid, avec la période d’enseignement à distance au printemps 2020, et les débats sur le numérique à l’école expliquent sans doute ce gain d’intérêt.

Davantage de tablettes et de TBI réclamés

La grande constante par rapport à la précédente enquête réside dans la demande pratiquement unanime d’avoir davantage d’équipement informatique. Un exemple parmi d’autres : le tableau blanc interactif. Parmi les personnes sondées, 34 % disent en avoir un dans leur classe et 50 % aimeraient que cela soit le cas. Au niveau des tablettes, c’est encore plus marqué : 39 % disent en bénéficier en classe et 54 % aimeraient faire pareil. Et 25 % des personnes sondées déclarent utiliser en classe leur propre tablette, 45 % un ou plusieurs ordinateurs, 80 % leur smartphone.

Ces demandes se retrouvent dans une majorité des 452 commentaires libres en fin de questionnaire. Les enseignants déplorent une inégalité de traitement entre les écoles équipées et les autres.

Voici un commentaire particulièrement représentatif :

«Il serait vraiment souhaitable que toutes les classes puissent être équipées d'un TBI pour que l'enseignement soit le plus équitable possible. Beaucoup de nouveau moyens d'enseignement demandent de projeter des choses ou diffuser des documents, cela devient très problématique de travailler sans TBI. Les élèves sont prétérités.»

Plusieurs personnes déplorent en outre que sans un équipement mieux fourni, elles ne pourront pas remplir les nouvelles exigences du PER numérique.

D’ailleurs, toutes et tous font remarquer que la situation encore prédominante, à savoir un ordinateur par classe, est jugée totalement insuffisante. Pour compenser, «pourrait-on avoir des salles informatiques ?» lit-on comme demande.

Si les tablettes sont moins réclamées que les TBI, celles et ceux qui les utilisent sont, globalement, ravis.

Ainsi ce témoignage :

«L'usage de tablettes me permet d'individualiser mon travail et d'apporter aux élèves concernés un travail plus ciblé sur leurs difficultés. Chez les petits, il y a des activités qu'ils peuvent faire avec la tablette, mais trop difficiles avec l'ordinateur (souris).»

C’est donc sans surprise qu’à la question «Quels facteur(s) constitue(nt), selon vous, un frein à l’usage du numérique», 89 % répondent : «un équipement numérique insuffisant». Pour palier cette lacune, certains affirment mettre la main au porte-monnaie afin d'acquérir des équipements destinés à leur classe.

Accéder aux ressources pédagogiques

Comme il y a quatre ans, les atouts présumés liés à un usage du numérique n’ont pas variés. Aux trois premières places, on trouve :

  • préparer les leçons (95 %),
  • diversifier les pratiques pédagogiques (92 %),
  • rendre les leçons plus attractives (88 %).

Et où aller chercher les ressources numériques pour mener à bien ces trois objectifs ? A nouveau, voici le trio de tête :

En lien avec ce qui précède, le site laPlattform a vu son audience exploser au cours des quatre dernières années. Il est désormais utilisé par 60 % des personnes sondées contre 10 % en 2018. Dans la même veine, Petit-Bazar, la plateforme pédagogique, continue d'être une valeur sûre et gagne 6 points pour avoir désormais 88 % d'adeptes.

Dans les commentaires, sont souvent cités le site de révision biceps.ch (pourtant destiné avant tout aux parents et aux enfants), ainsi que la plateforme internationale Pinterest, proposant de nombreuses images.

Vu ce qui précède, on ne s’étonnera donc pas de voir que les ressources numériques les plus utilisées sont les photos (96 %), les vidéos (94 %), les enregistrements sonores (91 %) et les documents textuels (88 %).

Pas d'ordinateur de classe pour les élèves dans 44 % des cas ?

Toutes les classes des écoles primaires publiques du canton sont dotées d'un ordinateur en configuration pédagogique, donc destiné aux élèves. En 2018, 26 % des personnes sondées déclaraient ne pas avoir de PC disponible pour les élèves. Le taux est désormais de 44 %. Outre l'explication habituelle – un ordinateur fixe par classe, ce n'est pas pratique pour des activités pédagogiques, donc l'enseignante ou l'enseignant l'utilise pour ses propres tâches – une deuxième raison apparaît, qui pourrait expliquer cette hausse statistique : les personnes sondées qui disent ne pas réserver l'ordinateur de classe aux élèves sont plus nombreuses à disposer d'un TBI (tableau blanc interactif) que leurs collègues : 46 % pour les premières contre 25 % chez les secondes. A noter qu'en 2018, il y avait 312 TBI officiellement recensés au primaire, ils sont désormais près de 779.

Effet Covid

On l’a dit, entre la précédente enquête au primaire et celle de 2022, il y a eu l’enseignement à distance lié au Covid, au printemps 2020. L’influence de cette période sur les perceptions du numérique par le corps enseignant est nette :

  • 49 % disent avoir modifié (un peu ou beaucoup) leurs pratiques enseignantes, en utilisant davantage le numérique ;

  • 67 % affirment que la pandémie leur a permis d’améliorer leurs compétences numériques ;

  • 84 % disent avoir une opinion sur le numérique légèrement ou largement plus favorable qu’auparavant.

Le Covid constitue-t-il donc un point de bascule ? Peut-être. Un indice ? Le taux de satisfaction global face aux outils et services informatiques mis à la disposition du corps enseignant par l’État et les communes (ces dernières sont responsables d'équiper les classes en TBI). Il était de 54 % il y a quatre ans, il n’est plus que de 50 % en 2022. Ce qui diminue, c’est le nombre des moyennement satisfaits. Ce qui augmente : le taux des très insatisfaits.

Terminons sur une note positive. L'utilisation du numérique peut-elle favoriser une meilleure scolarisation ? Oui, pour les élèves allophones (75 % de réponses positives), en situation de handicap (71 %), ayant des difficultés d'apprentissage (69 %), à haut potentiel (62 %) ou pratiquant un sport de haut niveau (35 %). Des pourcentages similaires à ceux de 2018. La grande différence réside dans la réponse : «pour les élèves absents pour maladie». 74 % des personnes sondées ont coché cette réponse, soit pratiquement le double qu'il y a quatre ans. Là aussi, un effet Covid ?