Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (à 66 ans) à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone.
La vie de Jean-Jacques Rousseau est une vie d’indépendance et d’instabilité. Il quitte d’abord Genève à seize ans pour la Savoie où il reçoit un complément d’éducation et une initiation à l’amour par Mme de Warens avant de gagner Paris en 1742 pensant faire carrière dans la musique. Il mène alors une existence difficile, cherchant divers protecteurs et vivant avec Thérèse Levasseur qui lui donnera cinq enfants, tous confiés à l’Assistance publique. Dans le même temps, il rencontre Diderot et écrit des articles sur la musique pour l’Encyclopédie.
Son œuvre (« structurée et décidée » disait Raymond Trousson) participe à l’esprit des Lumières par son rejet des régimes autocratiques, mais il s’en distingue notamment quant à l’idée que le siècle serait un heureux siècle de fer et de progrès comme chez Voltaire : « Tout sert au luxe, au plaisir de ce monde. Oh ! le bon temps que ce siècle de fer ! » Voltaire, Le Mondain (1726).
Entretenant de façon générale des relations interpersonnelles difficiles, il se réfugie plusieurs fois dans la solitude séjournant de nouveau en Suisse en 1762 après la condamnation de ses ouvrages par le Parlement de Paris. Il entreprend alors d’écrire son autobiographie pour se justifier et multiplie les lieux de résidence pour finalement retourner à Paris en 1770 et vivre en copiant de la musique. Il meurt à 66 ans en 1778 et sa dépouille sera transférée au Panthéon par la Convention au moment de la Révolution française en 1794.
Rousseau entre dans l’histoire des idées avec ses brefs essais : Discours sur les sciences et les arts (1750) et De l’Inégalité parmi les hommes (1755), en opposant l’état de nature qui faisait le bonheur de l’humanité, à l’état social, source des insatisfactions générales. Ayant pris le contrepied de la philosophie de Hobbes, il sait néanmoins un retour à l’origine impossible et il poursuit une réflexion sur le fonctionnement d’une société démocratique basée sur le Contrat social (1762) dans lequel le peuple souverain organise la vie collective. Rousseau propose aussi, avec Émile, ou De l’éducation (1762), une réflexion sur l’éducation qu’il affirme devoir s’appuyer sur la préservation des qualités naturelles de l’enfant et assurer plutôt des savoir-faire concrets que des savoirs livresques.
Dans le domaine littéraire, l’apport de Jean-Jacques Rousseau est également déterminant avec Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), roman par lettres sur le modèle anglais du Paméla ou la Vertu récompensée de Samuel Richardson, qui sera un des plus gros tirages du siècle en séduisant par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature. Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782) fondent l’autobiographie ; l’auteur s’y livre à une observation approfondie de ses sentiments intimes.
Ainsi, l’influence de Jean-Jacques Rousseau est-elle majeure aussi bien dans le domaine de la philosophie politique en nourrissant la réflexion sur la démocratie que dans le domaine de la littérature, et, au-delà, dans les comportements, avec la place nouvelle faite à la sensibilité qui s’épanouira au début du siècle suivant avec le romantisme.